Le retour au sol des déchets biodégradables est une activité exercée, en France, sous le contrôle de la Puissance Publique, qui fait l’objet d’un encadrement particulièrement sévère basé sur les principes d’intérêt agronomique et d’innocuité.
Dans le cas où les déchets biodégradables ne peuvent avoir accès au statut de produit, il est nécessaire d’obtenir une autorisation d’épandage. Celle-ci est délivrée, par les Services de l’Etat, sur la base d’une étude préalable, qui détermine les contraintes agronomiques et environnementales à prendre en compte.
Par la suite, des analyses régulières de la qualité des produits épandus et des sols sont effectuées par des laboratoires accrédités, à des fréquences fixées réglementairement. Des contrôles inopinés sont également réalisés par les autorités compétentes ou les organismes indépendants chargés du suivi agronomique. Un système de traçabilité est ensuite mis en place pour s’assurer que les conditions d’utilisation des boues sont conformes aux prescriptions de la réglementation.
Demandé par le monde agricole, un fonds de garantie sur l’épandage des boues a également vu le jour en 2009. Ce dispositif permet d’indemniser les agriculteurs et les propriétaires des terres agricoles, dans le cas où elles deviendraient impropres à la culture en raison de l’épandage de boues de station d’épuration urbaines ou industrielles.
De leur coté, les boues utilisées en tant que matière première dans la production de composts normalisés sont soumises aux mêmes types contrôles.
L’adoption des normes NF U44-095 et NF U44-051, fruits du travail des professionnels du recyclage, des producteurs de matières biodégradables, des experts scientifiques et des administrations, impose une obligation de résultat sur des critères d’innocuité et d’intérêt agronomique.
Elles offrent, de ce fait, aux utilisateurs un niveau de sécurité unique en Europe.
Afin de préserver la qualité des sols et de garantir la maîtrise des risques sanitaires et environnementaux, il est indispensable d’établir les concentrations maximales en éléments indésirables des boues et des composts destinés à être épandus.
Des seuils et des flux à ne pas dépasser ont ainsi été fixés pour les principaux Eléments Traces Métalliques (ETM) et certains Composés Traces Organiques (CTO).
Un contrôle des teneurs en ETM des sols est également imposé, ad minima, tous les dix ans.
En complément de ces contrôles réalisés sur les ETM et les CTO, une étude d’évaluation* des risques sanitaires sur les substances émergentes menée par l’INERIS et le CNRS** de 2012 à 2015, en partenariat avec l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), la FP2E (Fédération Professionnelle des Entreprises de l’Eau), le SIAAP (Syndicat Interdépartemental d’Assainissement de l’Agglomération Parisienne) et le SYPREA (Syndicat des Professionnels du Recyclage en Agriculture) a conclu que, s’il n’existait pas de risque zéro, celui-ci demeurait acceptable.
*Substances « émergentes » dans les boues et composts de boues – caractérisation et évaluation des risques sanitaires
** Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques – Centre National de la Recherche Scientifique.
S’agissant des germes pathogènes, soit les boues et les composts respectent des conditions d’hygiénisation, soit leur utilisation sera limitée afin de protéger les « systèmes » sensibles comme les sources, les cours d’eau et les populations, ainsi que le cheptel.
A noter qu’au cours des cinquante dernières années et malgré le développement très significatif du retour au sol des déchets biodégradables produits par les industries et les collectivités, aucun incident sanitaire relatif à cette pratique n’est à déplorer.
Le Recyclage en Agriculture est d’abord une affaire d’Hommes responsables, unis et guidés par les mêmes valeurs.
Pour les Professionnels, le développement des politiques de retour au sol est un challenge de tous les jours, qui permet de concilier l’exigence environnementale et l’équilibre économique : création d’emplois, aménagement du territoire, réduction des coûts de traitement, préservation des ressources naturelles. Ils sont également tenus d’agir dans la plus grande transparence. A ce titre, ils doivent communiquer aux producteurs de matières biodégradables et aux autorités compétentes les plannings d’épandage et les bilans agronomiques.
Pour les Collectivités Locales, c’est un enjeu de responsabilité publique. Il leur faut gérer le plus efficacement et avec une sécurité maximum, les déchets biodégradables produits par leurs administrés, sans mettre leur santé en danger, ni les pénaliser par une fiscalité trop lourde.
Il en est de même pour les Industriels qui se doivent de respecter les mêmes contraintes tout en maîtrisant leurs coûts de production.
Enfin, les Agriculteurs, soucieux de préserver la qualité des sols, se doivent d’exiger que toutes les informations leur soient communiquées, afin qu’ils puissent intégrer sereinement les matières biodégradables, dans leurs pratiques de fertilisation raisonnée.
La réglementation en vigueur, la vigilance des services déconcentrés de l’Etat, les contrôles réguliers offrent un niveau de garantie et de sécurité exemplaire à une filière souvent méconnue, qui permet de réduire notre empreinte et les nuisances sur notre environnement, participant ainsi à l’amélioration de notre qualité de vie.